|
Le monde dans lequel on vit, et les outils avec lesquels on crée.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Le contexte dans lequel nous évoluons, ces derniers jours l’ont prouvé, ne peut être pensé que globalement, c’est pourquoi il s’agit ici de se pencher sur nos outils de diffusion, de création, d’échange et de communication
Pendant quelques années le web a été une structure de diffusion et d'interaction dans laquelle ont cohabité aussi bien les militaires que les marchands, les activistes ou les universités. Si des frictions commençaient à apparaître depuis quelques années, on ne pouvait pas réellement encore parler de guerre ou d'expropriation. Et pour cause, un des ressorts de l'économie était l'utilisateur. Les grosses industries d'informatique avaient en vue des applications ou des services qui s'adressaient directement à l'"user". Les rivalités entre les grandes firmes ont contribué à clarifier l'usage des interfaces, à égayer l'austérité du design de la machine, à favoriser le hosting gratuit ...
Ce modèle a atteint sa limite. Le marché est saturé en ordinateurs personnels. Cela signifie que l'effort de développement va être porté sur les services et outils pour l'entreprise. Que le marché va être segmenté en deux grandes directions: les interfaces mobiles et les réseaux centralisés des entreprises.
Cette évolution se fait en parallèle avec celle des grands modèles juridiques (Etats-Unis et Europe) qui instaurent et légitiment des pratiques de contrôle et de surveillance centralisées.
Autant pour le droit d'auteur que pour la protection des données, la confidentialité des transactions, l'utilisateur voit ses droits se réduire comme peau de chagrin à chaque round de discussion.
Ces différents paramètres nous font entrevoir un avenir du réseau assez différent de sa conception originelle: une structure de communication à fort potentiel décentralisateur divisée en nombreux enclos à haute surveillance: intranets, extranets, surfeurs toujours plus espionnés par les ISP... Mais aussi une évolution des outils eux-mêmes qui à terme risque d'affaiblir la capacité conceptrice de l'utlilisateur. En effet, aujourd'hui, même si les artistes et autres acteurs culturels n'achètent pas le matériel le plus coûteux, ils peuvent avec la même machine faire du montage son ou vidéo, du traitement de texte, envoyer des e-mails ou créer leur site internet. La politique de développement annoncée par les principaux développeurs de logiciels et de système va dans le sens de s'adapter entièrement aux besoins exprimés par l'"entreprise".
Si nous prenons l’exemple des firmes commerciales, elles désirent en effet que leur personnel puisse se connecter de partout dans le monde et vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il faut pour cela des interfaces mobiles (Pocket PC, wap, cell phones...). Mais pour accroître leur contrôle sur leurs employés et pour réduire les coûts, ces interfaces seront délestées d'une grande partie de leur fonction et de leur espace de stockage. Le Pocket PC ou le portable light ne trouveront leur réelle fonctionnalité qu'une fois connectés au serveur central de l'entreprise. Celui-ci distribuera l'application et enregistrera sur son propre disque le fruit du travail de l'employé.
Ce schéma concerne les artistes et autres acteurs culturels, car il va être le modèle du schéma de production de leur outils de travail et de communication
Cette direction contraste avec celle qui avait jusqu'ici mis des outils autonomes dans les mains des acheteurs privés. Autant sous l'angle juridique que technologique, nous entrons dans l'ère de la recentralisation.
Les faits énoncés ci-dessus ne sont pas les plus réjouissants pour les acteurs culturels, politiques qui cherchaient dans le réseau une alternative à la diffusion et à la communication traditionnelle. Néanmoins s'ils constituent un ensemble de conditions dont il faut tenir compte et vis-à-vis desquelles il faut accroître la conscience critique, il ne faut pas passer à côté de ce que ce tournant dans la technologie peut nous permettre de réaliser, à quelle nouvelle politique et à quelle nouvelle poétique il peut servir.
Le programme de Constant cette année se définit par un engagement accru vers la pratique et l’engagement dans la création de réseaux adaptés à des communautés spécifiques. Nous organiserons des zones temporaires d’échange et d’apprentissage concernant la prise en main d’outils libres liés à la production et la diffusion de contenus digitaux.
L’usage de technologies nomades( le téléphone portable,..) et de la technologie sédentaire(le serveur et ses outils spécifiques) sera en permanence encadré par une réflexion sur les conséquences sociales et poétiques sur notre perception et notre compréhension du monde. Les nouveaux rapports au mouvement et au déplacement, au lien, à la faculté d’être toujours en point de mire d’une communication jetteront les bases d’une réflexion et d’un travail poético-politique.
Les termes dans lesquels les situationnistes ont formulé l’expérience de la psychogéographie* et de la dérive**comme questionnement de l’espace construit, serviront de point de départ pour examiner de nouvelles hypothèses par rapport à l’architecture des réseaux et à de nouvelles expériences par rapport aux flux mobiles d’information.
La réflexion critique sur le droit d’auteur et sur la construction des identités sexuelles qui ont été les sujets importants des années précédentes trouveront naturellement leur place dans ces expériences.
Enfin, grâce aux rencontres qui ont mené à la réalisation de " Capture " durant le festival Verbindingen 5, nous poursuivrons une collaboration intensive avec des musiciens et des expérimentateurs sonores.
Verbindingen-Jonctions 6.
En collaboration avec le KunstenFESTIVAL des arts.
Descrition de plusieurs points névralgiques qui composeront la situation médiatique annuelle de
Constant
--Son
1
La création de sons par la réappropriation des outils électroniques n’est pas nouvelle. Cette tradition accidentelle ne s’essouffle pourtant pas dans la répétition. La redécouverte permanente du medium par des artistes qui glanent des sons avec les moyens du bord ( instruments construits à partir d’éléments détournés) et qui en font une profession de foi continue à donner une dimension expérimentale à la forme la plus sociale de la création électronique.
Plusieurs créateurs/trices seront invités à partager leur expérience au cours d’atelier. Un focus particulier sera fait sur les créatrices qui ont compris très vite comment l’indépendance de l’outil pouvait leur offrir une chambre à elles dans la technologie.
Avec :
Chantal Dumas (FR), Amy Denio (USA), Hanayo(JP), Christina Kubisch(D), Lovely Midget(NZ), Kaffe Matthews(GB), Tujiko Noriko(JP)
2
Deuxième partie d’un atelier sonore
On a beacoup parlé d’internet et de Napster comme un système d’échange de
fichiers musicaux. Mais cela a occulté le fait qu’internet avec ses multiples points de diffusion et la capacité des serveurs d’exécuter dynamiquement des programmes ou des modules peuvent être des outils qui par leur nature même peuvent être propices à créer d’autres formes musicales, d’autres matières de bruit. Les relations entre les serveurs et les éléments mobiles de communication tisseront des fils sonores dans l’espace
social : performances, captations
Avec Amy Alexander (USA), Raitis Smits (Lettonie), Irrational.org (UK),..
--Image et théorie
1
L’histoire du cyborg et du cyberpunk
La politique du réseau fait renaître les figures des héros du cyberpunk. La résistance digitale fait Ècho à ces figures de hackers (terme qui signifie à l’origine bidouilleur, bricoleur et non pirate comme beaucoup le croient) qui d’un savoir constitué hors des normes académiques opposent leur ingéniosité à l’application díun pouvoir. Ces comptes modernes nous offrent des outils intelligibles par beaucoup sur la responsabilité face aux outils avec une ironie et une critique qui gagnent en actualité. Si leur imaginaire gothique en donnent une image datée, un regard approfondi permettra de reconnaître qu’ils donnent un éclairage fort utile sur les conséquences sociales díun mode de production industrielle ou de diffusion. La théoricienne américaine Donna Haraway fera le pont entre l’analyse de ces nouvelles et romans et l’histoire de la science contemporaine et des discussions concernant la définition des moeurs des primates. Ces faisceaux de concepts, les fils entremêlés de ces histoires traceront entre films, vidéos et conférences une carte imprévisible du devenir autre de l’animal cybernétique qu’une tradition chaque jour plus rapiécée s’entête à qualifier d’humain.
Avec :Donna Harraway(USA), Vincianne Despret(B)
2
L’occasion aussi d’esquisser une histoire cinématographique et littéraire du cyberpunk liant les notions de résistance politique, de redéfinition de l’identité sexuelle à l’utilisation de la technologie.
--Espace de consultation : essais sur le website, ressources littéraires, vidéothèque mise en place par Virginia Villaplana (Es)
 Imprimer la page
Dernière modification le : 22/10/2001 @ 08:36
Catégorie : draft
|
